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balcon duquel, chaque jour, à midi, apparaissait Cilix revêtu d’une longue robe de pourpre, et portant sur la tête une couronne de pierres précieuses. Car les habitants de la ville, après avoir découvert qu’il devait le jour à un roi, l’avaient considéré comme étant le plus digne parmi eux de ceindre le diadème.

Un des premiers actes de souveraineté du roi Cilix fut d’organiser une expédition composée d’hommes courageux et déterminés, ayant à leur tête un grave ambassadeur, avec ordre exprès de visiter les principaux royaumes de la terre et de s’enquérir si une jeune fille n’avait point passé dans ces contrées, galopant avec vitesse sur un taureau blanc. Preuve évidente, à mon avis, que Cilix se blâmait secrètement d’avoir renoncé à chercher Europe aussi longtemps que ses forces le lui eussent permis.

Je ne peux penser sans une vive émotion à Téléphassa, à Cadmus et au généreux Thasus, accomplissant leur pénible pèlerinage. Les deux jeunes gens redoublèrent de soins pour la reine, l’aidant à franchir les passages difficiles, la soutenant dans leurs bras pour traverser les cours d’eau, et lui cherchant un abri pour la nuit, quand eux-mêmes étaient obligés de coucher par terre. C’était pitié de les voir s’informer auprès de chaque passant s’il avait aperçu Europe, enlevée depuis si