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gard terrible ; et les pauvres enfants, sans même se hasarder à demander leur souper, sortirent précipitamment du palais, et s’arrêtèrent quelques minutes à la porte pour se consulter sur les lieux qu’ils iraient d’abord explorer. Leur mère, la reine Téléphassa, n’avait pas assisté au récit lamentable qu’ils venaient de faire, et, tandis qu’ils étaient là plongés dans la consternation, elle courut après eux, et leur dit qu’elle voulait, elle aussi, aller à la recherche de sa fille.

« Oh ! non ! mère ! s’écrièrent les enfants. La nuit est sombre ; qui sait les difficultés et les périls que nous avons à affronter ?

— Chers enfants, répondit la malheureuse reine en pleurant amèrement, c’est encore une raison pour laquelle je dois vous accompagner. S’il me fallait vous perdre aussi, comme ma bien-aimée Europe, que deviendrais-je, hélas !

— Et moi aussi, permettez-moi de me joindre à vous, » dit leur camarade Thasus en accourant vers eux.

Thasus était le fils d’un marin du voisinage. Élevé avec les jeunes princes, il éprouvait pour eux une tendre amitié, et portait à Europe une affection particulière. Ils acceptèrent sa généreuse proposition et partirent tous ensemble. Cadmus, Phénix, Cilix et Thasus entourèrent Téléphassa, en s’attachant à ses vêtements, et la priant de s’appuyer