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tendait une main vers ses frères, tandis que de l’autre elle s’attachait à une des cornes de son ravisseur. Cadmus, Phénix et Cilix, atterrés et immobiles devant ce cruel spectacle, restèrent là les yeux fixes, jusqu’au moment où la tête du taureau disparut entre les vagues qui semblaient s’élever bouillonnantes des profondeurs de l’abîme pour le couvrir entièrement ; on n’apercevait plus rien, ni du taureau blanc, ni de la charmante enfant.

C’était, comme vous voyez, pour les trois frères, une bien triste nouvelle à annoncer à leurs parents. Le roi Agénor, leur père, régnait sur tout le pays ; mais il aimait sa fille Europe plus que son royaume, plus même que ses autres enfants ou que toute autre chose au monde. Aussi, lorsque Cadmus et ses deux frères vinrent lui apprendre l’enlèvement de leur sœur avec les circonstances que nous avons décrites, le roi fut transporté de douleur et de rage. Bien que la nuit commençât à étendre ses ombres, il leur ordonna d’aller immédiatement à sa recherche.

« Ne reparaissez jamais en ma présence, cria-t-il, si vous ne me ramenez ma chère petite Europe. Sans elle je n’ai plus de bonheur. Partez ! Je ne consens à vous revoir que si vous revenez avec elle. »

En prononçant ces mots, le roi Agénor, dont le caractère était emporté à l’excès, leur lança un re-