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papillon, presque à l’extrémité de la prairie. Monter sur le dos du taureau serait le meilleur moyen de les joindre. Elle s’avança d’un pas vers lui, et, le voyant si joyeux de cette marque de confiance, elle ne balança plus. Légère comme un écureuil, elle s’élança en se cramponnant avec ses petites mains aux cornes d’ivoire, de peur de tomber.

« Doucement, gentil taureau, là ! doucement ! dit-elle, tant soit peu effrayée de se sentir tant d’audace ; ne galope pas trop fort ! »

Fier de cet agréable fardeau, le taureau bondit avec vigueur et retomba léger comme une plume, à ce point que la petite princesse ne ressentit pas la moindre secousse lorsque ses pieds touchèrent le sol. Puis il se prit à parcourir la plaine fleurie où les trois petits princes venaient de réussir dans leur chasse. Europe jetait des cris d’allégresse. À la vue de la jeune fille grimpée sur un taureau blanc, Phénix, Cadmus et Cilix s’arrêtèrent tout ébahis, ne sachant pas s’ils devaient s’effrayer ou envier le plaisir de leur sœur. La gracieuse et innocente bête se livra à toute sorte de cabrioles autour des enfants, avec autant de souplesse qu’un jeune chat. Je dis innocente, car qui aurait pu suspecter ses intentions ! Europe, cependant, ne cessait de regarder ses frères en leur adressant des sourires et des signes de tête, et l’on pouvait voir un certain air de majesté répandu sur sa charmante figure enfantine. Au