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offrent à notre mémoire un monument éternel de douleur, les restes de l’autre transmettent à la race humaine tout entière un exemple éclatant de la vengeance des Pygmées ? Voilà la question. Je vous la soumets, et j’attends de vous une réponse, digne, j’en ai la pleine conviction, de notre caractère national, une réponse formulée de façon à accroître plutôt qu’à diminuer l’héritage de nos aïeux ; dans nos guerres avec les Grecs, nous avons déjà fait voir que nous ne sommes pas dégénérés. »

Un enthousiasme irrésistible maîtrisa tous les cœurs, et de bruyantes acclamations interrompirent l’éloquent patriote ; tous s’écrièrent que l’honneur national devait être sauvegardé à tout prix. Le petit Cicéron s’inclina, et d’un geste qui réclamait le silence, reprit sa harangue dans les admirables termes que voici :

« Nous n’avons plus qu’à décider si nous ferons une levée en masse contre l’ennemi commun, ou si nous élirons dans nos rangs quelque champion illustré déjà par ses exploits militaires, pour défier en combat singulier l’assassin de notre frère. Je ne me dissimule pas qu’il y a parmi vous des hommes plus grands que moi ; mais je m’offre avec bonheur pour remplir ce devoir. Croyez-moi, chers confrères, que je survive ou que je succombe, l’honneur de cette grande nation et la renommée que nous ont léguée nos héroïques ancêtres ne trouveront pas en