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néanmoins, tout me porte à croire que, ce jour-là, le déjeuner se composait de gâteaux sortant du four, de petites truites d’eau vive, de pommes de terre grillées, d’œufs frais et de café pour le roi Midas, et d’une tasse de lait avec des tartines pour la petite princesse. En tout cas, c’est un déjeuner présentable pour un roi, et, si le menu n’est pas exact, Midas ne pouvait en avoir un meilleur.

La petite Marie-d’Or n’avait pas encore paru. Son père la fit appeler, et, se mettant à table, attendit l’arrivée de l’enfant pour commencer à manger. Midas aimait réellement sa fille, et son affection était encore plus vive ce matin-là, en raison de la bonne fortune qui lui était échue. Tout à coup il l’entendit venir par les corridors, pleurant à chaudes larmes. Cette circonstance l’étonna vivement, car la petite Marie était l’un des enfants les plus joyeux qu’on pût voir, et, dans toute son année, elle ne versait pas de larmes de quoi remplir un dé. En entendant ses cris, Midas eut l’idée de la consoler par une agréable surprise : il se pencha sur la table, toucha le bol de sa fille (belle porcelaine ornée de peintures délicates) et le transforma en or.

Cependant Marie poussa doucement la porte ; elle entra en sanglotant, et son tablier sur les yeux.

« Eh bien ! ma pauvre petite ! s’écria son père,