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Et rien n’eût été plus drôle que de voir le sourire grimaçant que lui présentait sa propre figure réfléchie par le vase ; on eût dit que cette image, comprenant la sottise de son original, le tournait en ridicule et lui riait au nez sans plus de cérémonie.

Bien qu’il se dît heureux, Midas éprouvait encore un certain vide au milieu de son bonheur. Il n’aurait jamais, pensait-il, une satisfaction complète, si le monde entier ne devenait l’entrepôt de ses richesses et n’était rempli de cette matière resplendissante dont il aurait l’entière propriété.

Je n’ai pas besoin de rappeler à de petits enfants savants comme vous qu’à l’époque reculée où vivait le roi Midas, il se passait bien des événements qui nous paraîtraient incroyables, s’ils arrivaient de nos jours et dans notre pays ; il est vrai qu’un grand nombre de choses dont nous sommes témoins aujourd’hui n’auraient jamais été crues par les gens d’autrefois. À tout prendre, notre époque est encore plus extraordinaire. Mais je continue mon histoire.

Un jour Midas se livrait à ses jouissances contemplatives, quand il vit apparaître une ombre sur ses monceaux d’or ; tout à coup il put distinguer, à la clarté d’un filet de lumière qui plongeait dans le caveau, la figure d’un étranger ! C’était un jeune homme au visage épanoui et vermeil. Était-ce un