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« Cousin Eustache, s’écria Primevère, quel joli conte que celui de la Tête de la Gorgone ! Croyez-vous que vous pourriez nous en dire un autre qui fût aussi amusant ?

— Oui, mon enfant, répondit Eustache en rabattant le bord de sa casquette sur ses yeux, comme s’il se disposait à dormir ; je puis, si bon me semble, vous en conter une douzaine de plus, jolis encore.

— Oh ! Primerose, Pervenche, l’entendez-vous ? repartit Primevère en sautant de plaisir. Cousin Eustache va nous raconter une douzaine d’histoires plus amusantes que celle de la Tête de la Gorgone !

— D’abord, je ne t’en ai même pas promis une seule, petite follette ! dit-il d’un air à demi boudeur. Pourtant je crois que je vais vous en chercher une. Voilà l’inconvénient de s’être acquis une certaine réputation ! J’aimerais mieux être moins spirituel, ne pas avoir mis au grand jour la moitié des brillantes qualités dont la nature m’a doué ; je pourrais au moins me reposer tranquillement et faire mon petit somme à mon aise. »

Mais le cousin Eustache, je crois vous l’avoir dit, prenait grand plaisir à débiter ses histoires ; son esprit, libre et heureux, se complaisait dans sa fécondité, et n’avait besoin, pour se mettre à l’œuvre, d’aucune impulsion étrangère.

Quelle différence entre cet entrain spontané de l’intelligence et l’activité forcée de l’âge mûr, alors