Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’île quelques braves gens, laborieux et sensibles, ainsi que je veux le croire malgré le silence de l’histoire à cet égard, ils restèrent paisiblement au logis, vaquant à leurs propres affaires et prenant soin de leurs petits enfants. Mais la plupart des habitants se hâtèrent d’accourir au palais, se heurtant et se poussant du coude pour approcher du balcon où se tenait Persée, un sac à la main.

Le monarque, entouré de ses méchants conseillers, de ses flatteurs et de ses courtisans, était sur une plate-forme vis-à-vis de notre héros ; et tous avaient les yeux tournés avec avidité vers l’endroit où se montrait le vainqueur de la Gorgone.

« La tête ! La tête ! criait le peuple avec violence. La tête de Méduse, la tête aux cheveux de serpents ! » Et il semblait disposé à mettre en pièces le jeune héros, s’il tardait plus longtemps à obéir.

Persée se sentit pénétré de douleur et de pitié.

« Sire ! dit-il, et vous, nombreux habitants de Sériphus, dispensez-moi de vous présenter la tête de la Gorgone !

— Le scélérat ! le lâche ! vociféra la populace devenue féroce. Il s’est moqué de nous ! Il n’a pas la tête de la Gorgone ! Qu’il nous la montre, ou nous prendrons la sienne pour en faire un ballon. »

Les conseillers murmuraient à l’oreille du roi ce que leur malice leur inspirait ; les courtisans répétaient d’une voix unanime que le traître s’était