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— Non, en vérité, repartit son ami. Le casque te dérobe à nos yeux, et, si je ne peux pas te voir, les Gorgones ne te verront pas davantage. À présent, suis-moi ; nous allons t’apprendre à te servir des sandales. »

À ces mots, le chapeau de Vif-Argent ouvrit ses ailes, et l’on aurait cru que sa tête allait se séparer de ses épaules ; mais toute sa personne s’enleva légèrement, et le jeune homme le suivit dans les airs. Parvenu à la hauteur d’une centaine de pieds, notre héros sentit combien il est délicieux de quitter la terre et de voler comme un oiseau.

Il faisait alors une nuit complète, Persée leva les yeux, et, voyant le disque argenté de la lune, il pensa que rien ne lui serait plus agréable que de prendre son essor, et d’aller finir ses jours dans l’astre qui brillait au-dessus de lui. Mais abaissant de nouveau ses regards, il contempla la terre avec ses mers, ses lacs, ses fleuves au cours sinueux, ses montagnes couronnées de neige, ses plaines immenses, ses forêts épaisses, ses villes de marbre blanc, et l’île de Sériphus où vivait Danaé. Une douce lumière répandait sa clarté sur tous ces objets, et la terre lui apparut aussi belle que pouvait l’être n’importe quelle étoile. Parfois il s’approchait avec son guide d’un nuage qui, à distance, produisait l’effet d’une toison d’argent ; et, quand ils plongeaient au travers, ils se sentaient tout transis et tout mouillés par la