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marcher sur la terre. Au premier pas qu’il essaya de faire, il s’élança malgré lui et s’éleva au-dessus de la tête de Vif-Argent et des Nymphes. Il eut beaucoup de peine à redescendre, car des ailes ne deviennent faciles à manœuvrer qu’après une certaine pratique. Vif-Argent se prit à rire de la vivacité involontaire de son compagnon, et lui dit de ne pas céder à tant d’emportement, qu’il avait encore à recevoir le casque d’invisibilité.

Les aimables Nymphes se disposaient à le coiffer de ce précieux casque, orné d’un panache de plumes noires ondoyantes, lorsque cet incident donna lieu à une scène plus, extraordinaire que toutes celles que je vous ai déjà racontées. Notre héros était là, plein de fierté ; c’était un beau jeune homme aux cheveux blonds, aux joues roses, ayant un glaive recourbé au côté, et portant un bouclier d’un poli éclatant. Mais, le casque une fois posé sûr son front, tout avait disparu ; l’air transparent et vide occupait seul la place où il était l’instant d’auparavant. Tout s’était évanoui, jusqu’à la coiffure qui le rendait invisible.

« Eh bien ! Persée, où es-tu donc ? lui demanda Vif-Argent.

— Mais ici, répondit tranquillement notre héros, dont la voix semblait s’échapper d’une atmosphère éthérée ; je suis où j’étais tout à l’heure : est-ce que vous ne me voyez pas ?