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jeune alors. Mais il était dix fois plus beau dans ce temps-là.

— J’ai un cheval de charrette qui en vaut trois comme lui, reprit le paysan. Si le vôtre était à moi, je commencerais par lui couper les ailes ! »

Quant à la jeune fille, elle ne dit rien, car il lui arrivait toujours d’avoir peur mal à propos ; elle prit la fuite, et laissa tomber sa cruche, qui se brisa.

« Où est le charmant petit garçon qui me tenait compagnie, et qui, plein de foi, ne se fatiguait jamais de regarder dans la fontaine ?

— Me voici, mon cher Bellérophon, » dit l’enfant de sa voix douce.

En effet, il avait attendu chaque jour, sur la margelle de la fontaine, le retour de son ami ; mais à la vue de celui-ci, descendant du haut des nues sur le dos du cheval ailé, il s’était réfugié dans le buisson. C’était une âme délicate et affectueuse ; et il avait peur de laisser voir au vieillard et au villageois les larmes qui lui roulaient dans les yeux.

« Tu as triomphé ! s’écria-t-il avec effusion et en couinant aux genoux de son ami qui était toujours à cheval. Je savais bien que tu reviendrais victorieux.

— Oui, mon enfant ! répliqua le vainqueur en mettant pied à terre. Mais, si ta confiance n’eût pas soutenu mon courage, je n’aurais pas attendu l’arrivée de Pégase ; je ne me serais jamais élevé au--