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mêmes. Le monstre abandonna le corps de Pégase, et retomba du haut des nues. Le feu renfermé dans son sein, au lieu de s’éteindre, ne s’en ranima que plus violent, et eut bientôt réduit en cendres ce cadavre informe. Ainsi tomba du ciel cette carcasse en combustion ; et, comme elle n’avait pas encore touché la terre avant que la nuit fût survenue, on prit cette traînée lumineuse pour une comète ou pour une étoile filante.

À l’aurore, quelques villageois, se rendant à leurs travaux, virent, à leur grande surprise, que plusieurs arpents de terrain étaient parsemés de cendre noire. Dans le milieu d’un champ, il y avait un tas d’ossements blanchis, beaucoup plus élevés qu’une meule de foin ; mais depuis lors on n’entendit plus parler de la Chimère…

Bellérophon, après sa victoire, se pencha sur le cou de Pégase et l’embrassa les larmes aux yeux.

« Retournons maintenant, mon coursier bien-aimé, lui dit-il, retournons à la source de Pirène. »

Ce dernier franchit l’espace avec une célérité qu’il n’avait jamais eue, et peu d’instants lui suffirent pour atteindre la fontaine. Là se rencontraient de nouveau le vieillard incliné sur son bâton, le villageois qui faisait boire sa vache, et la jolie fille qui remplissait sa cruche.

« Oh ! je m’en souviens à présent, dit le premier, j’avais déjà vu une fois le cheval ailé ; j’étais tout