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Il plongea son regard dans le miroir de la fontaine et crut distinguer la réflexion d’un oiseau planant au plus haut des airs. Les ailes, d’une blancheur de cygne, ou d’un éclat argenté, scintillaient aux rayons du soleil.

« Quel oiseau magnifique cela doit être ! s’écria-t-il ; et comme il paraît grand, bien qu’il vole au-dessus des nuages !

— Je tremble ! chuchota l’enfant. J’ai peur de quitter l’eau pour examiner le ciel ! Il est ravissant de beauté, et pourtant je n’ose contempler que son image. Cher ami, ne voyez-vous pas que ce n’est pas un oiseau, mais Pégase, le cheval aux ailes rapides ? »

Le cœur de Bellérophon battit avec violence ; il leva vivement les yeux, mais il n’aperçut rien, ni oiseau ni coursier. En effet, à ce moment même, il s’était perdu dans les profondeurs d’un grand nuage blanc. Quelques minutes après, l’apparition sembla se montrer de nouveau et descendre un peu, bien que toujours à une énorme distance. Bellérophon saisit l’enfant dans ses bras, et s’enfonça précipitamment au milieu des broussailles qui croissaient autour de la fontaine. Sa seule crainte était que, si Pégase les entrevoyait une seconde, il ne s’envolât dans des régions infinies, ou sur la cime de quelque montagne inaccessible : car c’était bien en réalité le sublime cheval aux ailes resplendissantes qu’il