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plus qu’à travers champs ? Certes, bon nombre de personnes niaient l’existence d’un tel animal, et répétaient que ses prétendues ailes n’étaient que des fictions poétiques, des inventions absurdes, Cependant, quelque prodigieux que ces récits lui parussent, Bellérophon ne doutait point qu’ils ne renfermassent la vérité. Pourquoi ne serait-il pas assez heureux pour rencontrer Pégase ? et, une fois sur son dos, il espérait triompher de la Chimère.

Ces raisonnements le décidèrent à faire le voyage, de Grèce, et nous l’y trouvons arrivé avec la bride splendide que vous savez, et qui était une bride enchantée. S’il avait seulement la chance d’introduire le mors dans la bouche de Pégase, celui-ci serait tout d’un coup dompté, le reconnaîtrait pour son maître, ; et exécuterait dans son vol toutes les indications du frein.

Mais quelle fatigue et quel ennui, d’attendre que Pégase vînt boire à la fontaine de Pirène ! Notre héros redoutait que le roi Jobate ne l’accusât d’avoir pris la fuite devant son ennemi. En outre, son cœur se serrait au souvenir des ravages qui désolaient un royaume, pendant que lui, au lieu de combattre, demeurait dans un repos inutile. Comme Pégase avait visité ces lieux à des intervalles très-rares depuis bien des années, et s’y montrait à peine une fois dans l’espace d’une vie d’homme,