Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225

cette partie du monde pour faire une visite au roi. Le monarque s’appelait Jobate, et la Lycie était le pays soumis à sa puissance. Bellérophon était un des plus valeureux mortels qui eussent jamais existé, n’ayant d’autre passion que d’accomplir des exploits glorieux et d’acquérir l’admiration et la reconnaissance de l’humanité. À cette époque, le seul moyen de se distinguer, c’était de combattre, soit les ennemis de sa patrie, soit d’énormes géants, de terribles dragons ou des animaux féroces, quand il n’y avait rien de plus périlleux à entreprendre. Le roi Jobate, prenant en haute estime la vaillance de son jeune visiteur, lui proposa d’armer son bras contre la Chimère, qui jetait l’épouvante dans tous les cœurs, et qui, si l’on ne parvenait à s’en débarrasser, convertirait bientôt la Lycie en un affreux désert. Notre héros n’hésita pas un moment, et déclara au roi, que la Chimère succomberait sous ses coups, ou qu’il perdrait la vie en essayant de la combattre.

Sa première réflexion fut qu’en raison de l’extraordinaire vivacité du monstre il n’en triompherait jamais en combattant à pied. Le plus sage parti était donc de se procurer le cheval le plus vigoureux et le plus léger. Quel autre réunissait des qualités de ce genre supérieures à celles de Pégase, qui, outre des jambes excellentes, avait aussi des ailes, et dont la rapidité se déployait dans l’air encore