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Puis il se tourna vers le vieillard à cheveux blancs qui, appuyé sur son bâton, la tête inclinée et la main derrière l’oreille, car il était sourd depuis vingt ans, écoutait avec la plus grande attention les paroles du villageois.

« Homme vénérable, quelle est votre opinion ? lui demanda l’étranger. N’avez-vous pas, dans votre jeunesse, vu plus d’une fois le coursier aux ailes puissantes ?

— Ah ! ma mémoire est bien pauvre ! répondit le vieillard. À votre âge, je m’en souviens, je me persuadais qu’il existait un cheval semblable, et telle était l’illusion de tout le monde. Mais au jour d’aujourd’hui, je ne sais plus qu’en penser ; et d’ailleurs, c’est bien la chose du monde qui m’intéresse le moins. Si j’ai vu ce phénomène, il y a bien, bien longtemps de cela ; et, vrai comme je vous le dis, je doute à cette heure si je ne l’ai pas rêvé. Un jour, certainement, j’étais tout jeune alors, je me rappelle avoir remarqué des traces de pas de cheval autour de la fontaine. C’étaient peut-être ceux de Pégase ; ce pouvaient être aussi bien les pas d’un autre cheval.

— Ma chère, dit Bellérophon en s’adressant à la jeune fille qui se tenait debout avec sa cruche sur la tête, écoutant la conversation, si quelqu’un a pu voir Pégase, à coup sûr c’est vous, car vos yeux sont beaux et brillants !