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val ayant des ailes ! Dormant la nuit sur la cime d’une montagne ; pendant la journée, libre dans son essor, Pégase semblait à peine une créature terrestre. En l’apercevant planer au plus haut des airs, avec ses ailes d’argent où venait briller le soleil, on eût pu croire qu’il appartenait au ciel ; et, si parfois il s’abaissait dans des régions inférieures, on eût dit qu’égaré au milieu des brouillards de la terre il s’efforçait de chercher sa route. Rien n’était plus beau que de le voir disparaître au sein des nuages, et, en ressortir quelques instants après du côté opposé ; ou de le regarder, par une pluie orageuse et soudaine, traverser les ténèbres dont le ciel était couvert, et descendre au fond d’une vallée, suivi d’un rayon de soleil comme d’une longue traînée de feu. Bientôt Pégase se dérobait à tous les regards, et avec lui toute trace lumineuse ; mais quiconque avait eu le bonheur d’être témoin de cette merveille sentait son cœur s’épanouir, et conservait cette sensation vivifiante longtemps encore après la tempête.

Pendant les plus beaux jours de l’été, Pégase descendait sur la terre, et, pliant ses ailes éclatantes, il se plaisait à galoper par monts et par vaux, rapide comme le vent. Il choisissait de préférence la fontaine de Pirène, et venait se désaltérer dans son onde transparente, ou se rouler sur le gazon moelleux qui entourait ses bords. Parfois aussi, bien