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la fin cependant, une certaine matinée d’été, ils n’assistèrent pas au réveil des hôtes qu’ils avaient accueillis le soir précédent de leur sourire hospitalier. Au déjeuner, point de Philémon ni de Baucis. On les chercha dans toutes les parties du vaste palais, mais en vain. L’inquiétude était au comble, lorsqu’on aperçut, en face du portique, deux arbres que personne ne se rappelait y avoir vus la veille. Leurs racines étaient profondément attachées à la terre, et leur feuillage immense ombrageait la façade de l’édifice. L’un était un chêne, et l’autre un tilleul. Leurs rameaux étaient entrelacés et s’étreignaient de telle façon que chaque arbre semblait vivre de la sève de l’autre beaucoup plus que de la sienne.

Les hôtes s’émerveillaient devant cette végétation extraordinaire, qui devait avoir exigé au moins un siècle pour arriver à une pareille croissance. Ils se demandaient comment un chêne et un tilleul avaient pu, dans une seule nuit, atteindre de telles proportions. Pendant qu’ils se livraient à ces réflexions, la brise vint ébranler d’un léger souffle leur feuillage enlacé ; et l’on entendit dans l’air un murmure sourd et profond, et comme la voix des deux arbres mystérieux.

« Je suis Philémon ! frémissait le zéphyr dans les feuilles du vieux chêne.

— Je suis Baucis ! » répétait doucement le tilleul.