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pour les passants qui se trouveront dans le besoin !… »

Le souper terminé, les étrangers demandèrent à aller se reposer. Les deux vieilles gens auraient été bien aises de causer un peu plus longtemps avec eux, d’exprimer le ravissement et le plaisir qu’ils éprouvaient en voyant un pauvre et maigre repas devenir, par enchantement, aussi copieux que délicat. Mais la figure du noble inconnu leur imposait tellement, qu’ils n’osèrent pas lui adresser de nouvelles questions. Cependant, quand Philémon prit Vif-Argent à part, pour savoir de lui comment, sous le soleil, une source de lait avait jamais pu jaillir dans l’intérieur d’une vieille cruche d’argile, ce personnage lui montra du doigt son étrange bâton, en ajoutant :

« C’est là qu’est tout le mystère ; si vous parvenez à me l’expliquer, je vous serai fort obligé. Il m’est impossible de vous conter toutes les ressources que je peux en tirer. Il est sans cesse à me jouer des tours du même genre : parfois il me procure un souper que la plupart du temps il me dérobe. Si j’avais foi dans de pareilles folies, je dirais qu’il est enchanté ! »

Puis, sans rien dire de plus, il les regarda tous les deux avec tant de malice, qu’ils crurent vraiment qu’il les prenait pour dupes. Le bâton magique sautilla derrière les talons de Vif-Argent, au