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mon érudition (pour ne pas parler de l’originalité de son imaginative) ne fût pas capable d’offrir chaque jour une histoire différente à des enfants comme vous. Écoutez bien ; je vais vous dire un de ces contes de nourrice, inventés pour amuser la Terre, notre vieille, vieille grand’mère, quand elle était petite fille en jupon et en sarrau. Il y en a une centaine, et je n’en reviens pas de ce qu’ils n’ont point été recueillis dans des livres d’images destinés aux petites filles et aux petits garçons. Au lieu de cela, les barbes grises se creusent la tête à les étudier dans de gros bouquins grecs couverts de poussière, et cherchent à savoir comment et pourquoi ils ont été inventés.

— Assez, assez, cousin Eustache ! crièrent d’une seule voix tous les enfants ; ne parlez plus de vos histoires, mais racontez-en une.

— Asseyez-vous donc autour de moi, dit Eustache, et restez tranquilles comme des souris. À la moindre interruption de Primerose ou des autres, j’arrête mon histoire d’un coup de dent, et j’avale le reste. Mais d’abord, y a-t-il parmi vous quelqu’un qui sache ce que c’est qu’une Gorgone ?

— Moi ! répondit Primerose.

— Eh bien ! gardez-le pour vous, répliqua Eustache, qui aurait préféré qu’elle n’en sût rien ; je vais vous conter une histoire sur la tête d’une Gorgone. »