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s’était jamais éloigné à vingt milles des lieux de sa naissance. Sa femme Baucis et lui avaient habité cette chaumière depuis leur première jeunesse, gagnant leur pain par un travail honnête, toujours pauvres, mais toujours contents. Il raconta quel beurre et quels fromages excellents elle faisait, quels savoureux légumes il cultivait dans son jardin. Il dit aussi leur mutuel et tendre amour, et leur désir à tous deux de ne pas être séparés par la mort, mais de mourir ensemble comme ils avaient vécu.

À mesure que l’étranger écoutait ce récit, un sourire brillait sur ses traits, et lui donnait un aspect aussi doux qu’il était noble ordinairement.

« Vous êtes un bon vieillard, lui dit-il, et vous avez une femme charitable pour compagne. Il est juste que votre vœu s’accomplisse. »

À ce moment, il sembla à Philémon que le soleil rayonnait vers l’occident d’un éclat plus vif, et éclairait tout le ciel d’une lumière soudaine.

Baucis avait fini de préparer le souper, et, se montrant à la porte de la chaumière, elle s’excusa du chétif repas qu’elle allait offrir à ses hôtes.

« Si nous avions su d’avance votre arrivée, dit-elle, nous nous serions plutôt passés de notre unique morceau de pain pour vous procurer un repas un peu meilleur. Mais j’ai employé presque tout mon lait à faire des fromages ; notre pain est à moitié mangé, et c’est le dernier qui nous reste ; je ne