Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
179

sant au hasard les jambes ou les habits. Il était bientôt tout déguenillé, avant même d’avoir eu le temps de prendre la fuite. Et quelle horrible chose quand, par exemple, le malheureux était malade, faible, vieux ou infirme ! Aussi, quand il avait fait une fois l’expérience de la méchanceté des habitants et des chiens de cet endroit, il se détournait de son chemin et l’allongeait de plusieurs lieues, afin de ne pas avoir à passer dans cet abominable village.

C’était d’autant plus mal que, chaque fois que des personnes riches traversaient leur pays en voiture, ou suivies de domestiques en brillantes livrées, ces vilaines gens étaient les plus serviles des hommes. Si leurs fils ou leurs filles manquaient d’égards envers ces riches étrangers, ils étaient sûrs de recevoir quelques bons soufflets. Quant aux chiens, si l’un d’eux s’avisait d’aboyer, le maître s’empressait de lui administrer une volée de coups de bâton, et l’attachait dans sa niche sans lui donner à souper. Ceci aurait été fort bien, si les villageois n’eussent prouvé, en agissant de cette manière, qu’ils se préoccupaient vivement de l’argent que l’étranger pouvait avoir dans sa poche, et pas du tout de l’âme humaine qui réside également chez le mendiant et chez le prince.

Maintenant, vous comprenez pourquoi le vieux Philémon s’exprima avec tant d’amertume en entendant les cris des enfants et les aboiements des