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d’y pousser et d’y devenir grands et forts. Ils avaient fini par y périr de vieillesse, et avaient été remplacés par d’autres tout aussi majestueux que les précédents. Il n’y eut jamais de vallée plus belle, de végétation plus luxuriante. Le spectacle seul de l’abondance qui les environnait aurait dû inspirer la bonté et la douceur aux habitants de ce vallon, les disposer à la gratitude envers le Créateur et à la charité vis-à-vis de leurs semblables.

Cependant, je suis fâché de le dire, la population de ce charmant séjour ne méritait pas d’habiter des lieux si favorisés du ciel. C’était un peuple égoïste et dur, sans pitié pour les indigents et les malheureux de toute espèce. S’ils entendaient dire que les hommes doivent s’aimer les uns les autres, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen de payer la Providence de son amour et de sa sollicitude pour nous, ils ne faisaient que rire avec mépris. Croiriez-vous que ces misérables enseignaient à leurs enfants à n’être pas meilleurs qu’eux-mêmes, et qu’ils applaudissaient aux efforts des petits garçons et des petites filles, en les voyant poursuivre quelque pauvre étranger de leurs cris et lui lancer des pierres ? Ils avaient de gros chiens hargneux, et, chaque fois qu’un voyageur s’aventurait dans la rue, ces affreux chiens étaient lâchés sur lui, jappant, grognant, grinçant les dents, et saisis-