Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173

subi le toucher du roi Midas. La plus sociable des fleurs, la délicate housatonia, abondait dans les sentiers. C’est une fleur qui ne vit jamais seule, et qui n’est heureuse qu’au milieu d’un grand nombre d’amis et de parents. Vous en voyez parfois une tribu tout entière, rassemblée dans un espace pas plus large que la paume de la main ; d’autres fois, c’est une immense agglomération blanchissant le tapis d’un pâturage ; et chacune de ces petites plantes communique à sa voisine tout un monde de vie et d’amour. Sur la lisière du bois il y avait des colombies plutôt pâles que rouges ; si modestes, qu’elles avaient regardé comme plus convenable de se dissimuler aux ardeurs du soleil. On voyait aussi des géraniums, et des fraisiers couverts de milliers de boutons blancs comme la neige. L’arbousier, durable dans sa floraison, n’était pas encore passé ; mais il cachait ses précieuses corolles sous un lit de feuilles mortes de l’année précédente, avec autant de sollicitude que l’oiseau dérobe à la vue sa nichée. Il avait, j’en suis sûr, la conscience de la beauté et des parfums qu’il recélait. Le mystère de leur retraite était si bien gardé, que les enfants aspiraient leur douce odeur avant de savoir où était la source.

Au milieu de tant de jeunesse et de fraîcheur, il était étrange et vraiment triste de voir çà et là, dans la prairie, les perruques poudrées des dents-de-lion