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rappelez-vous ces allégories ; en cherchant à leur donner une forme nouvelle, et vous verrez qu’un Grec de l’antiquité n’avait pas plus de droit exclusif sur elles qu’un Yankee de nos jours. C’est une propriété commune, qui appartient à tout le monde et qui est de tous les siècles. Les anciens poètes les ont remodelées à leur fantaisie. Entre leurs mains ce n’était qu’une oeuvre plastique ; pourquoi donc, à mon tour, ne pourrais-je pas remanier leurs récits pour en faire un objet d’art ? »

M. Pringle ne put s’empêcher de sourire.

« De plus, continua l’écolier, du moment que vous introduisez dans un moule classique quelque mouvement du cœur, quelque moralité divine ou humaine, vous en faites une chose toute différente de ce qu’elle était auparavant. Dans mon opinion, les Grecs, en s’emparant de ces fictions, patrimoine immémorial du genre humain, et en leur imposant un caractère de beauté absolue, mais froid et insensible, ont causé un préjudice incalculable aux siècles postérieurs.

— Préjudice auquel, sans aucun doute, vous êtes né pour remédier, dit M. Pringle en riant cette fois sans ménagement. Vous en penserez ce que vous voudrez ; mais je vous conseille de ne jamais confier au papier vos travestissements. Pour nouvel essai, pourquoi ne porteriez-vous pas la main sur une des légendes d’Apollon ?