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naître son vrai nom, parce qu’il tient à grand honneur d’avoir raconté les histoires qui sont imprimées dans cet ouvrage. Eustache était un élève de Williams-College[1], et avait, à cette époque, environ dix-huit ans, âge vénérable qui le faisait passer à ses propres yeux pour un être digne de tout le respect que Dent-de-Lion, Églantine, Fleur-des-Pois, Bouton-d’Or et les autres devaient à leurs grands-pères. Une légère fatigue de la vue, maladie que de nos jours bien des écoliers croient nécessaire d’avoir, afin de prouver leur application à l’étude, lui faisait prolonger ses vacances d’une quinzaine. Mais, pour ma part, j’ai rarement rencontré une paire d’yeux qui pussent voir d’aussi loin et plus parfaitement que les yeux d’Eustache Bright.

Ce savant écolier, mince et pâle, comme le sont en général les étudiants du nord de l’Amérique, était aussi léger et aussi vif que s’il eût eu des ailes à ses chaussures. Aimant fort, par parenthèse, à passer les ruisseaux à gué, et à traverser les prairies humides, il avait mis pour cette expédition de grandes bottes de cuir de vache. Il portait une blouse de toile, une casquette de drap, et une paire de lunettes vertes, précaution probablement moins essentielle à la conservation de sa vue qu’à la dignité de son rôle. En tout cas, il aurait aussi bien fait de ne pas

  1. Célèbre institution du Massachusetts.