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qué. Penses-tu que j’aie peur du dragon aux cent têtes ? »

Au même instant, des nuages noirs s’amoncellent autour de la ceinture du géant, et déchaînent une bourrasque épouvantable, mêlée de tonnerre et d’éclairs, dont le fracas empêche Hercule d’entendre la réponse du géant. On ne voyait plus, au milieu de l’obscurité, que les jambes démesurées du colosse, et seulement par intervalles quelques lignes de son corps revêtu d’un manteau de brouillards. Il semblait parler sans interruption ; mais sa voix rude et caverneuse se confondait avec les éclats de la foudre, et se perdait comme eux en roulant sur le sommet des montagnes. Ainsi, en parlant hors de propos, l’insensé dépensait vainement une force incalculable, et la voix de la tempête était tout aussi intelligible que la sienne.

L’ouragan se dissipa aussi soudainement qu’il s’était formé, et l’on revit de nouveau le ciel bleu, les bras qui le soutenaient, les rayons du soleil inondant les vastes épaules du géant, qui se découpaient sur un fond sombre et orageux. Sa tête se dressait tellement au-dessus des nuages, que pas une goutte d’eau n’avait humecté sa chevelure.

À la vue d’Hercule toujours debout sur le rivage, il lui cria de nouveau :

« Et moi, je suis Atlas, le plus grand géant du