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jugea devoir être une île. Et sur cette île, devinez ce qu’il y avait.

Je vous le donne en cinquante mille et vous ne le devinerez pas. Jamais notre voyageur n’avait contemplé rien d’aussi extraordinaire dans ses expéditions aventureuses, quelles que fussent les merveilles qu’elles lui avaient offertes. C’était encore plus prodigieux que l’hydre aux têtes renaissantes, plus étonnant que l’homme aux six jambes, plus fort qu’Antée, plus incroyable que tout ce qui fut jamais vu par personne et que tout ce qui reste à voir aux explorateurs. C’était un géant !

Mais quel immense géant ! aussi haut qu’une montagne, et si énorme, que les nuages lui faisaient une ceinture, formaient autour de son menton une barbe vaporeuse, et, flottant devant ses larges paupières, l’empêchaient de voir Hercule. Mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus incroyable, c’est qu’il dressait en l’air ses deux mains immenses, et qu’Hercule put distinguer, à travers les nuages, que le ciel reposait sur sa tête. Ceci est vraiment trop fort pour notre intelligence.

Cependant la coupe flottait toujours et s’approchait de la terre. La brise vint justement alors dissiper les nuages qui voilaient la figure du géant, et notre héros put contempler ses traits. Des yeux aussi larges que le lac de la vallée, un nez et une bouche de plus d’une demi-lieue de longueur ; c’était une