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la vallée dans toute son étendue, jusqu’à une petite éminence où était située l’habitation.

À moins de cent yards[1] de la maison, une vapeur blanchâtre voilait tous les objets, à l’exception de quelques cimes vermeilles ou jaunies que venaient dorer les premiers rayons du jour, et qui çà et là perçaient l’épaisseur du brouillard. À une distance de quatre ou cinq milles, vers le sud, se dressait le pic du Monument-Mountain[2] qui semblait flotter sur un nuage. Quelques milles plus loin, au dernier plan, surgissait à une plus grande élévation la cime du Taconic, fondue dans une teinte azurée et presque aussi vaporeuse que l’atmosphère humide dont elle était enveloppée ; une couronne de légers nuages entourait le sommet des collines qui bordaient la vallée, à demi submergées dans la brume ; et, sous le voile dont elle était couverte, la terre elle-même n’offrant plus à l’œil que des lignes indécises, l’ensemble du paysage produisait l’effet d’une vision.

Les enfants dont nous venons de parler, aussi pleins de vie qu’ils pouvaient en contenir, s’élancèrent du porche de Tanglewood, et, s’enfuyant par l’allée sablonneuse, se répandirent en un clin d’œil

  1. Le yard est une mesure anglaise un peu moindre que le mètre.
  2. Le Monument-Mountain et le Taconic sont des montagnes du Massachusetts.