soleil. Mais ce qui la distinguait surtout, c’était l’odeur délicieuse de son haleine, plus exquise que celle des roses du jardin de Saadi. Alexandre, on devait s’y attendre de la part d’un jeune conquérant, tomba subitement amoureux de la belle étrangère. Mais un savant médecin, en considérant cette merveille, découvrit en elle un affreux secret.
— Et quel était ce secret ? demanda Giovanni, en baissant les yeux pour éviter les regards du professeur.
— Cette adorable créature, continua Baglioni, avait été nourrie depuis le jour de sa naissance avec des poisons, et l’élément toxique s’était si intimement mélangé avec sa propre nature, qu’elle-même était devenue le plus violent des poisons. Le poison était l’élément essentiel de son existence. Cette haleine parfumée corrompait l’air. Son amour eût été un poison, et un seul de ses baisers la mort… N’est-ce pas là une merveilleuse histoire !
— Une fable tout au plus bonne pour des enfants, répondit Giovanni en repoussant sa chaise avec impatience. Je m’étonne que Votre Honneur sacrifie ses importants travaux à de semblables billevesées.
— Mais, à propos, dit le professeur en regardant autour de lui, il règne une singulière odeur dans votre appartement. Est-ce le parfum de vos gants ? C’est une odeur très-fine, très-exquise… et pourtant désagréable à la longue. Je sens que je ne pourrais la respirer longtemps sans en être incommodé. On dirait le parfum pénétrant d’une fleur, et pourtant je n’en vois pas dans votre chambre.
— C’est qu’en effet il n’y en a pas, répliqua Giovanni, qui pâlit aux dernières paroles du professeur, et je crois que cette odeur n’existe que dans l’imagination de Votre