il en avait déjà vu dans le reste de l’Italie, mais il crut s’apercevoir que ç’avait dû être autrefois le jardin de quelque famille opulente. En effet, on voyait au centre une fontaine de marbre sculptée avec une rare perfection, autant qu’on en pouvait juger du moins, car le temps en avait considérablement altéré le dessin primitif. Cependant l’eau jaillissait toujours de l’étroit orifice d’un tuyau de marbre pour retomber dans la vasque inférieure. Son léger murmure montait à l’oreille de Giovanni, comme la voix plaintive d’un esprit aérien enchainé par le sort à ce marbre en ruines. Le tour de la fontaine, humide grâce à l’eau que laissaient échapper les fissures du bassin, était occupé par des plantes vigoureuses, aux larges feuilles, aux fleurs gigantesques, entre lesquelles on distinguait un arbuste couvert d’une profusion de fleurs pourprées, dont l’éclat rappelait celui des rubis de Golconde, et dont la fulgurante intensité illuminait comme un autre soleil le jardin tout entier. Le sol était en outre parsemé de plantes moins éblouissantes, il est vrai, mais cultivées avec un soin qui témoignait chez leur propriétaire d’une constante préoccupation de leurs vertus secrètes. Les unes étaient placées dans des vases élégants, d’autres dans de grossiers pots de terre, quelques-unes rampaient à terre comme des couleuvres ; d’autres, s’élançant en gerbes, semblaient s’offrir d’elles-mêmes à l’admiration du spectateur. L’une d’elles avait poussé au pied d’une statue de Vertumne et l’entourait d’une guirlande de feuillage que la main d’un sculpteur n’eût assurément pas disposée avec un goût plus pur.
Pendant que Giovanni considérait ces objets nouveaux pour lui, un bruit léger, un frémissement dans le feuillage