tristesse, d’anxiété, et je dirais presque d’effroi. Quel est votre avis, Élinor ?
— Comparez le modèle avec la copie, lui dit tout bas le peintre, voyant que la jeune fille ne l’avait pas entendu.
Walter jeta les yeux sur sa maîtresse et tressaillit. Immobile, absorbée et comme fascinée, elle contemplait le portrait de son fiancé. Sa figure offrait précisément l’expression que le jeune homme venait de remarquer. Elle semblait n’avoir aucune conscience de ce qui se passait autour d’elle.
— Élinor, s’écria Walter, quel changement s’opère en vous ?
Elle tressaillit, comme arrachée à un rêve affreux, et tournant vers son amant un regard plein de terreur :
— N’en voyez-vous aucun dans votre portrait ? demanda-t-elle.
— Non, aucun, dit Walter en l’examinant ; cependant, ajouta-t-il après une pause, j’en aperçois un de peu d’importance, un léger perfectionnement, mais la ressemblance est exactement la même qu’hier. Maintenant que je suis au point de vue, je découvre un peu plus d’animation dans la physionomie, il semble que des yeux jaillisse une pensée que les lèvres vont exprimer.
Pendant qu’il s’oubliait dans sa propre contemplation, Élinor, se tournant vers le peintre, le regarda avec un mélange de douleur et d’anxiété, et il lui sembla que l’artiste, de son côté, la considérait avec une sympathique commisération.
— Comment avez-vous saisi ce regard ? murmura-t-elle.
— Hélas ! lui dit tristement le peintre en l’emmenant à