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LA CATASTROPHE DE M. HIGGINBOTHAM

méprise ou bien un complot diabolique pour ébranler le crédit de M. Higginbotham. Nous sommes passés à Kimbalton vers trois heures du matin et nous aurions certainement entendu parler de cet assassinat ; au reste, j’ai pour le nier une preuve qui vaut le propre témoignage de M. Higginbotham. Voici une note qu’il m’a confiée pour suivre une affaire qui le concerne devant le tribunal du Connecticut ; lui-même me l’a remise, et elle porte, comme vous pouvez le voir, la date d’hier au soir.

Et, en disant ces mots, l’avocat exhiba la date et la signature de la note, preuve irréfragable que M. Higginbotham était vivant lorsqu’il l’avait écrite, ou bien, ce qui semblait probable à quelques-uns et certain à d’autres, que le défunt gentleman était tellement absorbé par ses affaires qu’il s’en occupait encore après sa mort.

Mais un fait encore plus décisif allait se produire.

La jeune dame, après avoir écouté les explications données par le colporteur, ayant pris seulement le temps de lisser ses cheveux et de défriper sa robe, parut sur le seuil de la porte et fit signe qu’elle allait parler.

— Braves gens, dit-elle d’un ton modeste mais assuré, je suis la propre nièce de M. Higginbotham.

Un murmure de surprise parcourut la foule lorsqu’on vit si rose et si gaie celle que la gazette de Parker’sfall donnait comme touchant aux portes du tombeau, bien que des mauvaises langues prétendissent qu’une jeune femme ne devait pas être si désespérée de la mort d’un oncle vieux et riche.

— Vous voyez, continua miss Higginbotham en souriant, que cette histoire n’a aucun fondement en ce qui me concerne, et je puis affirmer qu’il en est de même pour ce qui