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LA MARQUE DE NAISSANCE

Ce désir était à peine exprimé que la voix pure et vibrante de la jeune femme vint, comme par enchantement, apaiser les pensées tumultueuses qui bouillonnaient dans le cerveau d’Aylimer. Après quelques instants de recueillement, il la quitta parfaitement calme, en l’assurant que le terme de sa réclusion approchait et que le succès de l’expérience n’était plus douteux.

Il venait de s’éloigner lorsque Georgina se souvint qu’elle avait oublié de lui faire part d’un symptôme qui, depuis deux ou trois heures, avait éveillé son attention : c’était un trouble général dans le système nerveux, accompagné d’une sensation étrange à l’endroit où se trouvait la marque. Elle suivit donc son mari et, pour la première fois, osa pénétrer dans son laboratoire.

Le premier objet qui frappa ses yeux fut un énorme fourneau, ardent et fiévreux ouvrier qui, d’après la suie dont il était encombré, semblait brûler depuis des siècles. Un appareil de distillation était en pleine activité, et tout autour de la chambre gisaient en désordre des tubes, des cornues, des creusets et les mille instruments en usage dans la chimie.

Une machine électrique semblait prête à fournir le feu du ciel. L’atmosphère, d’une lourdeur excessive, imprégnée des miasmes qui s’exhalaient des appareils, la nudité de cette pièce aux murailles noircies et pavée de larges dalles, semblaient étranges à Georgina, habituée qu’elle était à la somptuosité de son élégant boudoir. Mais ce qui attira surtout son attention fut l’aspect de son mari.

Aylimer était fort pâle, anxieusement penché sur son fourneau où il surveillait la distillation d’un liquide avec