pour donner au lecteur quelques détails sur la personne de Drowne.
Le premier en Amérique, il s’essaya, dit-on, dans cet art, qui compte aujourd’hui chez nous tant de noms distingués ou sur le point de le devenir. Dès sa plus tendre enfance, il avait montré une merveilleuse aptitude dans la reproduction des objets que lui offrait la nature, se contentant pour cela de tous les matériaux qui lui tombaient sous la main. La neige d’un vigoureux hiver lui avait fourni un marbre plus pur que le paros et plus facile à dégrossir. Il n’était point à la vérité d’une aussi longue durée, mais suffisait parfaitement à la fécondité du jeune garçon. Il assura cependant que ces premiers essais attirèrent l’attention de juges plus compétents que ses petits condisciples, et en effet ils étaient déjà fort remarquables. En avançant en âge, le jeune homme choisit du bois de chêne ou de sapin pour exercer son adresse, qui commença dès lors à lui rapporter quelque argent, au lieu des félicitations gratuites, jusque-là son unique récompense. Il acquit bientôt une certaine réputation dans la sculpture des têtes de pompe, des urnes pour orner les pilastres et de divers ornements. Pas un apothicaire de Boston ne se fût jugé digne d’attirer les clients, s’il n’eût possédé un buste de Galien ou d’Hippocrate, ou tout au moins un mortier doré, sortant des mains habiles de Drowne. Mais au jour où nous sommes parvenus, il s’était fait une spécialité des figures qui ornent la proue des navires. Que ce fût le buste du roi, d’un amiral ou d’un général anglais, ou bien encore celui de la fille d’un armateur, toujours la pimpante figure, peinte des couleurs les plus fraîches et magnifiquement dorée, s’élevait sur la