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CONTES ÉTRANGES

VI

Voici le crieur public qui revient en agitant sa cloche : ding-dong ! ding-dong !

Sa voix claire et sonore domine le bourdonnement de la foule aux mille voix. On s’arrête, on l’entoure et l’on se prépare à l’écouter religieusement. Plus d’un ministre en chaire, plus d’un avocat au prétoire envieraient le silence de l’assemblée. Écoutons ce que va dire l’orateur populaire.

« Une petite fille de cinq ans, vêtue d’une robe de soie bleue et d’un pantalon blanc, les cheveux bruns et les yeux noirs, a disparu de chez ses parents depuis ce matin ; les personnes qui l’auraient recueillie sont priées de la ramener à sa mère, qui est plongée dans le désespoir. »

Arrêtez, crieur, l’enfant est retrouvée ! oh ! ma gentille Annie, que nous sommes coupables ! nous avons oublié de prévenir votre maman de notre escapade ; elle est désolée et elle vient d’envoyer ce crieur pour répandre dans la ville le bruit de la disparition de cette jolie enfant qui n’a point quitté ma main, Hâtons-nous de revenir, chaque seconde ajoute à ses angoisses. Pourtant, Annie, estimez-vous heureuse d’avoir fait vos premiers pas dans le monde sans qu’il vous en ait coûté la perte d’une illusion, un chagrin, une larme.