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CONTES ÉTRANGES

II

J’aperçois une boutique à laquelle les souvenirs de mon enfance donnent un attrait magique. Quelles délices de laisser errer son imagination sur les friandises artistement disposées par un confiseur ! Ces tourtes à la pâte feuilletée, dont le contenu est un mystère délicieux exhalant un arome plus suave encore que la rose ; ces gâteaux en rond, en cœur, en losange, en triangle ; ces excellentes croquignoles si joliment nommées des baisers ; ces majestueuses pyramides destinées sans doute au repas de noces de quelque riche héritière ; ces montagnes bourrées de raisins de Corinthe, et dont le sommet est couvert d’une éblouissante neige de sucre ; ces prunes confites, ces bonbons transparents renfermés dans des bocaux aux flancs énormes ; bref toutes les friandises dont les noms m’échappent, si goûtées des enfants par leur douceur, si recherchées des jeunes gens et des jeunes filles pour les devises qu’elles renferment.

L’eau m’en vient encore à la bouche, et à vous aussi, petite Annie ; ce n’est pourtant qu’une tentation de notre imagination. Suffira-t-il de mordre à belles dents dans l’ombre d’un plumcake ?

Ils sont malheureusement rares ceux dont le plus vif plaisir est de regarder la vitrine d’un libraire. Est-ce que, par hasard, Annie serait un bas-bleu ? À peu près. Elle a lu les livres de Peters Parley, et sent croître chaque jour son goût pour les contes de fées, bien que de nos jours ils de-