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CONTES ÉTRANGES

l’ardeur de sa poursuite, semblait s’élancer dans l’éther pour atteindre le symbole de la beauté.

L’artiste ouvrit la boîte, et la jeune femme ne put retenir un léger cri de surprise en voyant sortir un papillon qui vint se poser sur l’extrémité de son doigt, agitant ses ailes de pourpre et d’or comme s’il allait prendre son vol. La plume est impuissante à peindre la radieuse splendeur, la délicatesse infinie de cet étrange chef-d’œuvre. Ce papillon idéal n’avait rien de commun avec ces insectes à moitié décolorés qui voltigent sur les fleurs terrestres ; ce devait être plutôt un frère de ceux qui s’en vont butinant dans les prairies célestes, et qui servent de jouets aux petits anges que la mort a ravis ici-bas à notre amour. Une poussière étincelante couvrait ses ailes de feu, et ses yeux avaient l’éclat de la vie.

Le feu qui pétillait dans la cheminée, la douce lumière de la lampe pâlissaient à côté de l’étrange lueur que répandait autour de lui ce miracle de beauté.

— Quel admirable objet ! s’écria la jeune femme ; est-ce vivant ?

— Certainement, reprit son mari ; croyez-vous qu’un homme puisse faire un papillon ? Et, en admettant même que cela soit possible, pensez-vous qu’il s’amuserait à en créer un, alors qu’un enfant peut en attraper vingt dans un jour d’été ? Mais c’est cette jolie boîte que j’admire ; elle est sans doute de la façon d’Owen, et, ma foi, c’est un ouvrage qui lui fait honneur.

Comme il disait ces mots, l’insecte merveilleux agita de nouveau ses ailes par un mouvement si naturel, qu’Annie en tressaillit ; car, malgré le dire de son mari, elle doutait