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CONTES ÉTRANGES

et Pivoine, nous l’avions bien dit de ne pas la faire entrer ici, heu ! heu ! voilà, heu ! heu ! Que notre chère petite sœur, heu ! heu ! si gentille, est dégelée, hi ! hi ! hi !…

Et leurs jolies figures étaient inondées de larmes ; M. Lindsey, désolé du chagrin de ses enfants et au comble de l’étonnement, demanda à sa femme l’explication de ce remue-ménage. La bonne dame ne put que répondre, au milieu des sanglots de ses enfants, qu’elle n’avait plus trouvé trace de la petite fille en rentrant, bien qu’elle l’eût cependant laissée debout devant le poêle.

— Et vous voyez tout ce qui reste d’elle, ajouta-t-elle en lui montrant une grande flaque de neige fondue sur le plancher.

— Oui, père, dit Violette le regardant d’un air de reproche à travers ses larmes, voilà tout ce qui reste de notre petite sœur de neige.

— Méchant papa, hurla Pivoine, trépignant de colère et montrant son petit poing, nous l’avions bien dit ce qui arriverait, pourquoi l’as-tu amenée ici ?

Et le poêle d’Heidelberg, à travers les deux trous de sa porte de fonte, jetait sur M. Lindsey le regard d’un démon, triomphant du mal qu’il vient de faire.

Cette remarquable histoire de l’Image de neige doit apprendre à tous les hommes, et principalement à ces philanthropes toujours prêts à obliger leurs semblables, qu’avant de céder à leurs sentiments d’universelle bienveillance, il faudrait s’assurer que l’on comprend parfaitement la nature des êtres dont on poursuit l’amélioration, et leurs rapports de toute espèce avec l’ordre général des choses humaines ; car ce qui, en thèse générale, peut être regardé