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L’IMAGE DE NEIGE

joyeux de Violette et de Pivoine lui firent relever la tête. Bien qu’elle n’entendit qu’imparfaitement ce qu’ils disaient, leur mère jugea qu’ils avaient mené à bonne fin leur petit chef-d’œuvre, et ces mots sans suite eurent dans son cœur un délicieux écho.

C’est que la mère écoute plus avec le cœur qu’avec l’oreille, c’est qu’elle est ainsi souvent ravie par les accents d’une musique céleste et mystérieuse, incompréhensible pour tout autre qu’elle.

— Pivoine, Pivoine, criait Violette à son frère d’un bout à l’autre du jardin, apporte-moi un peu de neige bien blanche, sur laquelle on n’ait pas marché, j’en ai besoin pour faire le cœur de notre petite sœur ; tu comprends qu’il faut une neige aussi pure que si elle venait de tomber du ciel.

— Tiens, voilà, dit Pivoine de sa petite voix décidée, voilà de la neige pour son cœur. Oh Violette, qu’elle est déjà jolie !

— Oui, dit Violette, elle sera bien gentille ; je ne sais pas trop même comment nous nous y sommes pris pour la faire telle qu’elle est.

La maman, tout en écoutant et en regardant avec ravissement cette scène enfantine, en était venue à croire qu’une fée ou qu’un ange invisible avait aidé ces chers petits êtres. Violette, non plus que Pivoine, ne se doutaient guère qu’ils eussent un si glorieux camarade, et voyant sortir de leurs mains cette œuvre, ils pensaient l’avoir faite eux-mêmes.

— Mes chers enfants mieux que tous les autres méritent une pareille compagne, se disait madame Lindsey souriant elle-même de son orgueil maternel ; quand, jetant de temps à