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L’IMAGE DE NEIGE

montantes. Elle leur donna à chacun un doux baiser, et les deux enfants se précipitèrent dehors, courant, dansant, sautant à cloche-pied. Heureux temps ! heureux âge ! On eut dit que la tempête de la veille, en tordant et brisant les arbres les plus robustes, n’avait lancé une telle quantité de neige que pour faire un tapis à ces marmots, semblables à des oiseaux d’hiver, qui jouent avec délices sur la blanche parure de la terre.

Après s’être jeté mutuellement de la neige à la figure, ils s’arrêtèrent pour reprendre haleine, et Violette se mit à rire en voyant Pivoine couvert de frimas. L’idée d’un autre jeu jaillit de son petit cerveau.

— Si tu n’avais pas les joues si rouges, dit-elle à son frère, tu aurais tout à fait l’air d’un bonhomme de neige. À propos, si nous faisions une statue avec la neige, une statue de petite fille ? elle serait censée être notre sœur, et nous pourrions courir avec elle tout l’hiver : n’est-ce pas que ça serait gentil ?

— Oh ! oui, s’écria Pivoine en joignant les mains, ce sera bien gentil. Et maman la verra ?

— Oui, répondit Violette, maman verra sa nouvelle petite fille ; mais il ne faudra pas la faire entrer dans le parloir, car tu sais que notre petite sœur de neige ne pourra souffrir la chaleur.

Aussitôt dit, aussitôt fait ; nos enfants commencèrent leur statue de neige, tandis que leur mère qui les observait ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant le sérieux et l’activité qu’ils apportaient à leur besogne. Ils semblaient parfaitement convaincus que rien n’était plus facile que de tirer d’un bloc de neige une petite fille vivante. Et de fait, pensait la mère,