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CONTES ÉTRANGES

VII

Dans l’ardeur du tumulte, la table venait d’être renversée, le vase de cristal était brisé en mille pièces. L’eau merveilleuse, la précieuse liqueur de la fontaine de Jouvence coulait sur le plancher, et la stupéfaction des auteurs de ce désastre les empêcha de remarquer un modeste phénomène qui s’accomplissait à leurs pieds.

Un vieux papillon était entré par la fenêtre. Séduit par un beau soleil de mai, il s’était aventuré à voltiger dans le jardin, il avait pénétré dans la chambre ; mais quand il avait voulu regagner l’espace et la lumière, il avait été saisi d’un engourdissement subit et s’était abattu sur le plancher, d’où il essayait encore de s’envoler. Il était dans cette situation pénible et vraisemblablement en danger de mort, quand deux ou trois gouttes de l’eau merveilleuse l’atteignirent par hasard. À ce contact vivifiant, ses ailes frémirent comme au midi des chaudes journées, et il s’élança joyeusement à travers la chambre. Après quelques évolutions, il finit par se poser sur la tête blanche du vénérable docteur qui avait gardé son immobilité.

— Revenez à vous, messieurs, revenez à vous, madame Wycherly, avait dit le docteur à la vue du vase renversé. Je dois réellement protester contre ce tumulte.