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CONTES ÉTRANGES

IV

— Vous avez peut-être entendu parler de la fontaine de Jouvence ? dit le docteur, reprenant son attitude professorale. Ponce de Léon, aventurier espagnol qui vivait il y a deux ou trois siècles, s’était voué à sa découverte…

— Et l’avait-il trouvée ? interrompit la veuve Wycherly, qui ne connaissait cette fontaine que de réputation.

— Non, madame, il n’avait pas bien dirigé ses recherches ; il s’égara et mourut sans avoir vu son voyage couronné de succès. La fameuse fontaine de Jouvence, si les renseignements géographiques qui m’ont été transmis sont exacts, est située dans la partie méridionale de la péninsule de la Floride, dans les environs du lac Macaco. Sa source est ombragée par des magnolias séculaires dont le feuillage verdoyant et les fleurs violettes gardent éternellement leur fraîcheur par la vertu merveilleuse de ses eaux. Un savant voyageur de mes amis, qui connaît ma passion pour tout ce qui se rattache aux mystères de la nature, m’en a rapporté un flacon dont vous voyez le contenu dans ce vase de cristal.

— Hum ! grommela le colonel Killigrew d’un air visible d’incrédulité, je serais curieux de connaître les propriétés miraculeuses de ce fluide sur l’organisme humain.

— Vous êtes libre d’en faire vous-même l’expérience, mon cher colonel, répondit le docteur avec un sourire ; en pareille matière, le doute est permis. Je puis vous assurer que cette eau, soumise à l’analyse chimique, ne contient