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CONTES ÉTRANGES

quable célérité qu’il y avait peu de probabilité de le voir reparaître avant le dégel.

Heureusement M. Brown, loin de perdre courage, se mit à lutter vigoureusement contre cette inhumation anticipée, et fit tant des pieds et des mains qu’il se dégagea, non sans avoir perdu son chapeau dans la bagarre, et se trouva sain et sauf à la porte de Pierre.

Tel était le fracas de la tempête qu’on n’eût point entendu de l’intérieur le choc du marteau ; M. Brown entra donc sans cérémonie, et se dirigea à tâtons vers la cuisine, où il pénétra complètement inaperçu.

XVIII

Pierre et Tabitha tournaient le dos à la porte, courbés sur un immense coffre qu’ils avaient sans doute tiré de quelque cavité secrète ; et, à la clarté de la lampe que tenait la vieille femme, M. Brown vit que ce coffre était garni de coins et de plaques en fer. Pierre était en train d’introduire la clef dans la serrure.

— Tabby, disait-il, tremblant d’émotion, comment vais-je pouvoir supporter l’éclat de cet or ? Il me semble que je le vois encore étinceler quand on ferma le couvercle. Il y a soixante ans qu’il concentre ses rayons, radieux soleil, pour nous éblouir en cet instant solennel !

— Alors, fermez les yeux, dit la vieille impatientée, et tournez la clef, pour l’amour de Dieu.

M. Brown s’était approché, il avança son visage ardent entre les deux acteurs de cette scène ; le coffre s’ouvrit et…