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LE TRÉSOR

XII

Les jours, les semaines se passaient sans amener aucune découverte. Quelquefois un vieux rat maigre s’échappait entre ses jambes, se demandant avec étonnement quel esprit endiablé avait pu envahir cette demeure jusque-là si tranquille. Parfois Pierre sympathisait avec les angoisses d’une souris qui venait de donner le jour à une demi-douzaine de souriceaux jolis à croquer, pour les voir presque aussitôt ensevelis sous un monceau de ruines. Mais toujours point de trésor.

Cependant Pierre, inébranlable comme le Destin et diligent comme le Temps, en avait fini avec les combles, il était descendu au second étage et travaillait dans une des pièces de la façade. C’était la principale chambre à coucher de la maison. La tradition rapportait qu’elle avait abrité le gouverneur Dudley et d’autres éminents personnages. Elle était dépourvue de meubles. Le papier de tenture, tout fané et déchiré, pendait en lambeaux, et, à certaines places, laissait voir le plâtre, surchargé de naïfs dessins au fusain, représentant des figures de profil. C’étaient des spécimens du talent de Pierre dans sa jeunesse, et il lui en coûtait plus de les détruire que si c’eût été des fresques de Michel-Ange. Un dessin cependant, et ce n’était pas le plus mauvais, lui causa une impression toute différente. Il représentait un homme en haillons, s’appuyant sur une bêche et étendant la main pour saisir un objet qu’il semblait avoir trouvé ; mais on voyait surgir derrière lui, grimaçant un