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LE TRÉSOR

— C’est bien vrai, monsieur Pierre, répondit Tabita ; elle avait près de cent ans, elle disait qu’elle et Pierre Goldthwaite avaient souvent passé la soirée au coin de ce foyer, à peu près comme nous voilà la tous deux.

— Le vieil oncle me ressemblait en plus d’un point, dit Pierre avec complaisance, autrement il ne fut pas devenu si riche. Il est vrai qu’il eût dû cacher autrement son argent, au moins de manière à ce qu’il ne fût pas nécessaire de renverser la maison pour le trouver. Pourquoi diable l’a-t-il caché si soigneusement, Tabby ?

— Parce qu’il ne pouvait le dépenser, dit la vieille. Quand il voulait ouvrir son coffre-fort, le malin venait par derrière et lui arrêtait le bras. Il paraît qu’il lui avait donné tout cet argent en échange de la maison et de son terrain, et que votre grand-oncle ne voulut jamais consentir à les lui livrer.

— Comme moi avec John Brown, remarqua Pierre. Mais vous me raconter là des sottises, Tabby, et je ne puis en croire un mot.

— Après cela, ce n’est peut-être pas vrai, dit Tabita, car il en a d’autres qui prétendent que Pierre céda sa maison au diable, et que c’est pour cette raison qu’elle a toujours porté malheur à ceux qui l’ont habitée. Aussitôt que Pierre lui eut mis l’acte de cession dans les mains, sa caisse s’ouvrit, et il y puisa une pleine poignée d’or qui se changea en vieux chiffons quand il l’eut touché.

— Taisez-vous, vieille folle de Tabby ! s’écria Pierre, rouge de colère : c’étaient d’aussi bonnes guinées d’or qu’aucune de celles qui portèrent jadis l’effigie du roi d’Angleterre. Il me semble que j’y étais, et que moi, ou le vieux