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CONTES ÉTRANGES

ces trésors, il rêva aussi qu’il retournait à sa vieille maison, pauvre comme devant. Il était reçu à la porte par un homme à la figure maigre, aux longs cheveux grisonnants, qu’il eût pu prendre pour lui-même, si les habits de ce personnage n’eussent été d’une coupe plus ancienne. Mais le plus extraordinaire, c’est que sa maison, tout en conservant sa forme primitive, avait été changée en un palais resplendissant des métaux les plus précieux. Les planchers, les murs, les plafonds étaient d’argent poli ; les portes, les montants des croisées, les corniches, les balustrades et les marches de l’escalier étaient d’or pur. Les chaises étaient d’argent avec des siéges d’or ; les commodes et le bureau, d’or avec des pieds d’argent ; les lits étaient d’argent, et les courtes-pointes d’or tissé, les draps lamés d’argent. On eût dit qu’une baguette magique avait transformé la maison et tout ce qu’elle contenait, sans en altérer le contour : la matière seule était changée. Pierre reconnaissait parfaitement tous ces objets, seulement ils étaient d’or ou d’argent au lieu d’être en bois. Il vit même avec surprise les initiales de son nom, qu’enfant, il avait gravées sur le chambranle de la porte, profondément empreintes sur une plaque d’or massif. Pierre se trouvait au comble de la félicité, lorsque subitement le mirage avait cessé, et sa maison, dépouillée d’une splendeur factice, lui était apparue dans toute sa laideur et son délabrement.

VIII

Le lendemain matin, Pierre se leva de bonne heure, saisit une hache, un marteau, une scie, et monta au gre-