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LE TRÉSOR

saisit les deux mains de Tabita, et entraîna la pauvre vieille dans une valse désordonnée, jusqu’à ce que la bizarrerie de la situation et la mine effarée de Tabita lui eussent occasionné un fou rire dont les vieilles murailles lui envoyèrent l’écho, et qu’il fut longtemps à réprimer avant de recouvrer son habituelle gravité.

— Demain au point du jour, dit-il en prenant sa lampe pour s’aller coucher, je verrai si le trésor ne serait pas caché dans le mur du grenier.

— Et comme nous n’avons plus de bois, monsieur Pierre, dit Tabita, soufflant encore de sa gymnastique involontaire, quand vous aurez démoli la maison, je ferai du feu avec les débris.

VII

Splendides furent cette nuit-là les songes de Pierre Goldthwaite ; il lui sembla qu’il tournait une énorme clef dans une porte de fer assez semblable à celle d’un sépulcre. Cette porte une fois ouverte, il vit un caveau rempli de pièces d’or, plus nombreuses que les grains d’un tas de blé. Au milieu de cet or gisaient des vases de même métal, des plats, des timbales, des plateaux et des couverts, d’argent massif, des chaînes d’or d’un travail surprenant des joyaux d’une inestimable valeur, bien que légèrement ternis par l’humidité de ce réduit. En un mot, on voyait rassemblés dans quelques pieds carrés tous les métaux précieux que la terre cache, envieuse, dans ses entrailles, et toutes les richesses que la mer a pour jamais englouties dans ses mystérieuses profondeurs. Après avoir admiré tous