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certaine, qu’il y avait aussi, — cachée quelque part dans la maison, dans les caves peut-être ou dans le jardin, — une immense accumulation de guinées anglaises.

« S’il vous arrivait, Phœbé, de découvrir ce trésor, disait Hepzibah, — lui jetant un regard quelque peu louche, accompagné d’un sourire contraint et affectueux tout à la fois, — nous ferions enlever, sans rémission et pour jamais, la clochette du magasin.

— Oui-da, ma chère cousine, répondit Phœbé ; mais en attendant, la voilà qui sonne. »

Hepzibah, le client une fois parti, — d’une façon un peu vague mais avec des développements infinis, — mit l’entretien sur une certaine Alice Pyncheon que nous avons entrevue déjà, et dont la beauté, les talents avaient été fort renommés cent ans plus tôt. Le parfum de ses vertus et de ses charmes planait encore dans le séjour qu’elle avait habité, comme l’odeur des roses sèches dans le tiroir où elles se sont flétries. Cette charmante Alice avait subi quelque grande et mystérieuse infortune, à la suite de laquelle, s’étiolant et pâlissant peu à peu, elle s’était évanouie de ce monde. Mais on disait, même dans ce temps-là, qu’elle hantait la Maison des Sept-Pignons et que maintes fois, — surtout pour annoncer la mort de quelqu’un des Pyncheon, — on lui avait entendu exécuter sur le clavecin de savantes et tristes mélodies. Un de ces airs, tel que ses doigts de fantôme l’avaient fait jaillir des touches sonores, recueilli par un amateur de musique et transcrit par lui, était empreint d’une si profonde mélancolie que personne jusqu’à ce jour n’avait pu en supporter l’audition, si